On ne va pas en rajouter une couche ici sur l’importance et les enjeux de Copenhague. Il serait ridicule de ne pas mettre en valeur l’évolution qui est en train de se dessiner tant au niveau de l’opinion mondiale qu’à celui des principaux dirigeants de la planète. On fera ensuite la part entre la réalité des engagements des uns et l’opportunisme propagandiste des autres. Il serait d’ailleurs tout aussi vain de nier cette dernière dimension. Il ya des conversions récentes à l’écologie qui ne cessent d’étonner. Il suffit d’ouvrir son quotidien ou sa télé pour découvrir les nouveaux habits verts que revêt la publicité de groupes en tous genres dont la pollution et la surconsommation sont le core-business, comme on dit.
Les bonnes intentions et l’urgence ne doivent pas masquer une question essentielle : le capitalisme peut-il – veut-il réellement- lutter contre le réchauffement climatique, en particulier, et les désastres écologiques en général ? Il ne s’agit pas ici d’une question morale mais de nature idéologique. Un conseiller de Barack Obama déclarait cette semaine que le « green business » sera le moteur de la réinvention de l’économie américaine et le « capitalisme vert » est en marche. Mais que recouvre t-il ? Comment ce capitalisme recyclé pourrait-il réellement assurer la primauté des intérêts collectifs sur le profit et les intérêts privés ? Car le centre de la question climatique et de l’urgence écologique est bien celle-là.
Récemment le journaliste et écrivain Hervé Kempf y insistait dans son livre paru au Seuil, « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » : « il n’y aura pas de solution à la crise écologique sans remise en cause de l’ordre social ». Et il ajoutait que, par exemple, en matière d’énergie, « le choix est politique. Car il ne sera pas possible d’aller vers une société de sobriété énergétique sans une politique de redistribution (…) Diminuer la consommation d’énergie appelle des politiques modulant l’effort financier à fournir selon les classes de revenus et développant des moyens collectifs que le jeu du marché ne pourra seul assurer ». Cela est vrai pour la répartition des efforts entre pays riches et pays émergents. Mais également au sein de chaque société. Quels que soient les résultats de Copenhague, on ne pourra faire l’économie de ce débat-là.