Je reviens donc sur cette question abordée dans ma chronique précédente : comment, dans notre système, voter en connaissance de cause ? Comment savoir si le sens de ce que nous voulons exprimer à une chance de s’appliquer. J’évoque ici les élections régionales et non pas le scrutin européen où forcement la composition des majorités et le mode de gouvernement est totalement différent. On sait qu’en Belgique quel que soit le niveau de pouvoir, communal, régional ou fédéral, les gouvernements sont toujours le fruit de coalition.
Quand le citoyen fixe son choix sur un parti, il opte pour un programme, une idéologie, des hommes et de femmes. Mais cette préférence qu’il exprime n’aura véritablement de sens qu’en fonction de la coalition qui sera finalement formée par les partis majoritaires. Et c’est bien la coloration de la coalition qui dictera la politique qui sera appliquée. La cohérence de cette coalition qu’elle soit progressiste ou conservatrice, de centre gauche ou de centre droit, est naturellement déterminante. L’association des contraires, ce que certains ont appelé les alliances contre nature dans le gouvernement fédéral, débouche au mieux sur l’immobilisme et l’impuissance. Quand je vote pour le parti X, le choix que celui-ci fera de s’associer au parti Y ou Z changera complètement le sens de mon choix. Nous sommes donc en droit d’exiger des partis qu’ils annoncent clairement avec qui ils entendent gouverner, si bien sur l’arithmétique électorale le permet. C’est démocratiquement élémentaire.
Pour le scrutin régional qui nous occupe les choses semblent relativement claires à Bruxelles où la coalition de l’Olivier, rassemblant socialistes, écologistes et humanistes semble vouloir poursuivre leur expérience de gouvernement. On aimerait pourtant que chacun soit réellement explicite sur ses intentions. En région wallonne la situation est plus confuse : socialistes et humanistes entendent-ils poursuivre leur duo, s’élargir à écolos ? Et ces derniers que veulent-ils vraiment ? Et les libéraux avec qui souhaitent-ils gouverner si le résultat le leur permet ?
La plupart du temps les partis se réfugient derrière la prétexte de la liberté des électeurs pour éviter de se prononcer et laisser toutes les possibilités ouvertes. Cette confusion n’est pas loin de la tromperie. De même les accords préélectoraux sont toujours niés par leurs auteurs alors qu’ils n’ont rien de scandaleux à condition qu’ils soient clairement annoncés. Dans tous les cas, nous, citoyens avons besoin de savoir pour nous prononcer et pour que la politique retrouve un sens. Est-ce trop demander ?