Je vais vous faire une confidence : au-delà des clichés et des clivages traditionnels qui ont la vie dure, et qui s’affirment encore plus violemment avec l’enlisement de la crise politique, j’ai beaucoup de mal à évoquer dans cette chronique l’avenir institutionnel de notre pays. Vous aurez remarqué que j’ai d’ailleurs soigneusement évité d’aborder la question ces dernières semaines. Non pas je ne me sente pas concerné. Mais tout simplement parce que je ne vois pas surgir une solution satisfaisante capable de répondre à une exigence qui me semble essentielle sur le plan individuel comme sur le plan collectif : la solidarité entre les hommes et les femmes qui vivent les mêmes difficultés, pas toujours au même moment ni avec la même acuité, face à la crise socio-économique en cours et à venir. Et cela au-delà de toutes les frontières, communautaires, linguistiques ou régionales.
Que l’opposition Nord/Sud recoupe aujourd’hui un affrontement gauche/droite est désormais une évidence. Il suffit de s’en référer au contexte des négociations bloquées et au programme de la NVA, le plus à droite que l’on ait connu dans un parti démocratique contemporain. Mais, je vous l’accorde, il ne faut pas mésestimer, pour autant, l’importance de la question identitaire et nationale portée par des partis politiques qui ont été légitimés sinon plébiscités pour cela par leurs électeurs. Que, de ce point de vue, la région soit désormais le moteur d’un nouvel état fédéral, semble un fait acquis. Tout le reste, séparation, rafistolage, création d’une nation croupion que serait une Belgique résumée à Bruxelles et à la Wallonie parait irréaliste et irréalisable. Et aucune de ces solutions ne peut répondre à l’exigence du moment.
Ces jours-ci, les seules voix de bon sens et de justesse de ton me semblent être celles des syndicats qui, avec bien sûr leurs accents différents, défendent contre vents et marée l’indispensable sauvegarde de l’Etat social. De leur côté deux cents artistes et intellectuel flamands ont signé un texte intitulé « La solidarité grandit une culture », un texte qui complète et élargit la démarche syndicale. Vous me direz : les syndicats, les artistes, les intellectuels, combien de divisions ? Question centrale, car il est vrai qu’en Flandre, en tous cas, ces positions ne disposent pas de véritable relais politique. Jamais les oppositions institutionnelles et socio-économiques n’auront été aussi intimement liées.
PS Relisant ce texte, je le trouve insatisfaisant et légèrement confus. Je vous le transmets malgré tout en guise de témoignage, pour confirmer la difficulté de traiter ce sujet lorsqu’on occupe un certain positionnement politique…