La semaine qui vient sera cruciale pour François Hollande. Le gouvernement présente ce vendredi sa première loi de finance qui sera débattue à l’Assemblée Nationale. Ensuite viendra la discussion sur la ratification du TSCG, le Traité européen de stabilité, de coordination et de gouvernance. Deux enjeux déterminants. Le vote d’un budget est sans doute le plus politique qui soit. C’est là que l’on peut identifier la vraie nature de la politique mise en place par un gouvernement. Le budget du gouvernement Ayrault sera un mélange subtil de mesures d’austérité et de ponctions fiscales. L’augmentation plus égalitaire des recettes voulant justifier la restriction des dépenses publiques qui touchera l’ensemble de la population. Cela ne se passera pas sans grincements de dents au sein-même de la majorité présidentielle où certains s’interrogent sur l’obstination à vouloir réduire le déficit de 3 % d’ici 2013. Mais cela passera.
Le traité européen qui doit instaurer la discipline budgétaire destinée à réduire la dette publique, la fameuse « règle d’or », passera lui aussi notamment grâce à l’adhésion d’une grande partie de la droite. Mais la grogne et les réticences s’exprimeront avec plus de vigueur. Des élus socialistes s’opposeront sans doute et les écologistes ont invité clairement leurs représentants à voter contre. Difficile mais assez classique partie d’équilibristes pour des Verts qui devront concilier leur présence au gouvernement et un vote d’opposition ou d’abstention. On verra s’ils résisteront à la contradiction sans perdre leurs ministères. Pour François Hollande, la partie est serrée. A travers ces deux débats – et ces votes parlementaires – il doit assurer une triple autorité vis-à-vis de sa majorité, de l’opinion publique et des dirigeants européens. Et cela alors que le contexte socio-économique est périlleux : les chiffres du chômage sont mauvais, les plans sociaux vont se multiplier, la croissance n’est pas au rendez-vous. La popularité de François Hollande est en chute libre dans des sondages nourris, il est vrai, par une situation sociale qui lui échappe et par une offensive médiatique généralisée – et sans doute sans précédents – à son encontre.
François Hollande remportera cette double bataille parlementaire. Mais il ne convaincra pas pour autant les Français qui comme les autres peuples de l’Europe doutent ou refusent aujourd’hui cette politique de l’Union incapable de les protéger face à la crise. Certes le président français est le mieux à même d’infléchir l’ultralibéralisme obstiné de la Commission et des pays dominants du continent mais cela supposerait une modification des rapports de force intra-européens dont on ne distingue pas encore vraiment les contours.