Petite devinette digne d’un jeu télévisé berlusconien : « Qui est le plus gros propriétaire immobilier au monde ? » Ne cherchez pas parmi les plus grandes entreprises multinationales ou les fortunes les plus connues. La réponse est surprenante : c’est tout simplement l’Eglise catholique et romaine. Il n’y a certes pas de cadastre officiel et le Vatican est d’une discrétion absolue à ce sujet. Mais plusieurs enquêtes de journalistes et de parlementaires italiens l’ont bien confirmé –la dernière en date est celle de l’hebdomadaire L’Espresso – : le patrimoine immobilier italien de l’Eglise est le plus grand du monde. Il est estimé au chiffre astronomique d’un milliard de m2 pour une valeur qui serait de l’ordre d’un milliard 200 millions d’euro. En dehors des églises et des lieux de culte, cela représente des milliers de bâtiments répartis entre des centaines d’ordres religieux, de confraternités, de chapitres et autres sociétés pieuses. Tout cela rien qu’en Italie.
Mais il y a plus. Sous le titre « la Santa Evasione » – « la Sainte Evasion », l’hebdomadaire met en cause les innombrables avantages financiers et fiscaux dont l’église bénéficie de la part de l’état italien. Et en particulier l’exemption fiscale sur son patrimoine immobilier : les immeubles de l’église à usage non commercial ne sont pas soumis à la taxe communale, l’équivalent de la taxe foncière. Ce qui, selon les sources, représentent entre 500 millions et plusieurs milliards d’euros de manque à gagner pour les entités locales. Au moment où la politique d’austérité du gouvernement Berlusconi veut imposer de gros sacrifices à la population et précisément aux communes, cela fait plutôt mauvaise impression. La presse vaticane dénonce une offensive anticléricale et affirme que l’on veut taxer la charité.
Un député radical propose, lui, un amendement à loi de finances qui supprimerait les privilèges fiscaux de l’église. Mais ce n’est pas la première fois et, quelle que soit la majorité en place, ils ont toujours été repoussés. Le lobby politique du Vatican est puissant et transversal. Ses soutiens ont essaimé de la droite à la gauche en passant par toutes les variantes du centre. La démocratie chrétienne a disparu il y a près de 20 ans mais elle n’a sans doute jamais aussi influente : aujourd’hui elle, et ses héritiers, sont présents dans quasi tous les partis ! « Le Vatican, combien de divisions ? demandait en son temps Staline. Bien plus que ne le pensait le petit père des peuples.