« Il existe aujourd’hui une exception israélienne aussi incompréhensible qu’insupportable au regard du droit international en général et des droits des peuples en particuliers. Aucun autre pays au monde, du moins dans l’époque contemporaine, ne pourrait se permettre de bafouer en permanence les résolutions des Nations Unies, et bien plus largement encore les règles communément admises qui définissent les relations entre les états et les peuples de la planète. Au cours des vingt dernières années, la communauté internationale a fixé des limites de fait aux agressions contre les peuples, y compris par des interventions militaires visant à défendre et à protéger des populations en danger. Seul Israël échappe aujourd’hui à l’application de la loi internationale (… et peut) mener des opérations militaires contre tout un peuple dont il s’agit d’effacer l’identité (nationale) et l’existence politique. (… )En fait (Israël) peut tout. Il peut tout impunément. Avec la complicité active ou silencieuse de la communauté internationale. Aucune situation n’est comparable dans l’histoire des relations internationales. Aucun gouvernement ne pourrait se permettre un tel mépris de la loi internationale. Seul Israël aujourd’hui n’a aucun compte à rendre. Le silence de la communauté internationale est fracassant et criminel. Jamais les Palestiniens n’ont été aussi menacés dans leur existence (…) Le monde entier le sait et se tait. Seule une intervention internationale pourrait aujourd’hui préserver la vie du peuple palestinien et assurer la sécurité du peuple israélien. Au-delà des discours de circonstances et des prudences diplomatiques, quelle organisation internationale, quel pays, quel ministre prendra-t-il une véritable initiative pour tenter de mettre fin à la politique du pire ? Qui osera rompre le silence et prendre ses responsabilités ? » [[On peut lire la chronique dans son intégralité dans Hugues Le Paige, « La Vérité s’écrit avec un v minuscule », Chroniques 1996-2006, Editions la mesure du possible, 2006 ; p.95]]
Ces lignes datent d’ avril 2002, je les avais écrites lors d’une précédente invasion israélienne à Gaza. Hélas, 12 ans plus tard, il n’ y a rien à retrancher. Au contraire, pour le peuple palestinien tout a encore empiré et Israël est encore un peu plus au-dessus des lois. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, aucun peuple n’a été aussi longtemps et aussi massivement persécuté que le peuple palestinien. Au fil du temps, Israël a favorisé le Hamas pour effacer l’OLP et tente aujourd’hui d’éliminer le Hamas au profit des forces islamistes les plus radicales. De surcroit, en assimilant toute la communauté juive à son combat et en exigeant d’elle un soutien inconditionnel, l’état israélien risque de nourrir un nouvel antisémitisme dont il porte une responsabilité écrasante. Aucune négociation n’est possible. De gré ou de force, seule la communauté internationale pourrait- devrait- imposer une solution tenant compte des droits à l’existence et à la sécurité des Palestiniens et des Israéliens. Elle ne le veut pas, elle ne le peut pas, elle ne l’ose pas. Il faut l’écrire, le dire, le crier pour ne pas accepter que cette tragédie aille à son terme. Il faut, ici et maintenant, à notre échelle, se battre pour imposer toutes les mesures de rétorsion à l’égard d’Israël ( boycott, suspension des accords bilatéraux et européens, etc.) C’est à la fois peu et indispensable.