Le procédé n’est pas nouveau. Durant la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait largement et efficacement instrumentalisé le concept d’identité nationale à la fois pour attirer les voix du Front National et pour embarrasser une gauche divisée sur la question. Le futur président avait alors annoncé la création d’un ministère de l’identité nationale et de l’immigration. Car il s’agit bien pour la droite sarkozienne, comme pour l’extrême-droite, d’opposer les deux termes. Et aujourd’hui, c’est donc Eric Besson, le transfuge socialiste qui est le titulaire de ce ministère. C’est donc lui qui a annoncé la relance du débat sur l’identité nationale.
Toutes tendances confondues, les observateurs notent évidemment que cette annonce intervient après une série de difficultés qui ont mis à mal le gouvernement, alors qu’approche la délicate échéance électorale des régionales de 2010 et que le Front National semble reprendre souffle. Bref, tout est en place pour un débat démagogique dont les termes sont pervertis. Sur le fond, et en dehors de toute exploitation électoraliste, il n’y a pas de raison de ne pas débattre largement dans la société d’une question qui est en évolution et où, pour mille causes, les modèles peuvent être en crise. Mais chaque fois que l’on a voulu définir politiquement le concept d’identité nationale, c’était pour le réduire ou en exclure une part de ceux qui y avaient droit ou même en étaient déjà dotés. Le pétainisme ou plus près de nous le programme du Front National en sont les illustrations les plus fortes. Et lier terre et identité comme on l’a fait Nicolas Sarkozy ces derniers jours rappelle des accents vichystes.
A vrai dire, l’identité nationale ne s’enferme pas dans une définition. Elle est le produit tout à la fois de l’histoire, de la géographique, d’affrontements, d’héritages, de luttes et d’adhésions volontaires à des valeurs communes. Les appartenances religieuses, ethniques ou culturelles ne sont pas des critères de sélection. Et les identités nationales si elles ne veulent pas être meurtrières doivent se nourrir de tous les apports de ceux qui, peu à peu, au fil du temps, s’agglomèrent à la communauté nationale. Mais on est là, sans doute, bien loin du débat annoncé.