« Depuis la mi-juillet, la hausse des marchés d’actions semble défier les lois de la pesanteur. Faisant fi des incertitudes sur l’évolution de l’économie mondiale, les investisseurs se focalisent sur les résultats du premier semestre qui se révèlent nettement moins mauvais que prévu. Depuis mars, les principaux indices boursiers ont ainsi rebondi d’environ 50 % » : c’est le commentaire que l’on pouvait lire il y a quelques jours dans la page économique du quotidien « Le Monde ». Ajoutons que les raisons des résultats du premier semestre sont éminemment discutables, que les indices de consommation sont à la baisse, que les licenciements sont légions et risquent encore d’amplifier à l’automne, que les dettes publiques sont gigantesques, que les gouvernements ne parlent que de rigueur et d’austérité alors que les inégalités sociales vont encore s’accentuer.
Et pourtant face à ce tableau d’une noirceur profonde, les bourses ont donc rebondi. Dans la lourdeur de l’été et la discrétion des vacances, « ils » ont écrit un nouveau scénario. Pas vraiment original, il est même une copie conforme du film catastrophe qui nous a conduit à l’explosion de la crise il y a un an à peine. « Ils » reprennent le même discours sur le marché comme si rien ne s’était passé, comme si nous étions de la chair à croyance, des sujets aveuglés par les paillettes qu’ils ont été chercher au fond de leur coffre. Alors « ils », ces présidents de bourse, chefs exécutifs, ces traders qui ont retrouvé leur bonus, alors « ils » n’ont rien appris ? Ce serait presque leur faire crédit.
Ils ont simplement repris leur logique implacable du capitalisme financier. Oubliées les promesses de régulation, elles n’ont servi qu’à puiser dans les caisses de l’état vilipendé, finis les accents émus sur la moralisation d’un capitalisme dont l’immoralité est naturellement un élément constitutif. Les bourses ont repris leurs pratiques d’avant la crise, les banques continuent allègrement de mélanger les genres, affaires et services, commerce et spéculations… et aucune règle, aucune législation digne de ce nom n’a modifié le fonctionnement global du marché. Ce qui pose évidemment la question de la responsabilité de l’état et du politique qui, face à leurs propres difficultés, sont tentés de faire payer une deuxième fois le prix de la crise à la population.