Morne campagne, triste campagne ! A moins de cinquante jours du double scrutin régional et européen, on peut même se demander, s’il y aura une véritable campagne électorale, si ce moment qui est théoriquement le sommet de la démocratie représentative permettra au citoyen de se prononcer sur des idées des programmes, des enjeux, si nous pourrons en connaissance de cause contribuer au façonnement de notre propre avenir collectif et individuel. On peut éprouver les plus grand doutes alors que précisément face aux multiples crises que nous vivons jamais les choix idéologiques et politiques n’auront été aussi importants quels que soient les niveaux de pouvoir.
Pendant près de deux semaines notre horizon aura été bouché sinon maculé par un interminable affrontement entre les cyniques et les hypocrites, entre ceux qui assumaient leur arrogance habituelle et ceux qui se trainaient dans l’autoflagellation tardive à propos des petits arrangements avec l’éthique. Pratiques minables et évidemment détestables mais dont les commentaires médiatiques ont pratiquement occulté tout le reste de l’actualité. Avant cela, il y avait eu la pénible confection des listes, en particulier pour le scrutin européen où une fois de plus des candidats éligibles et même des têtes de listes se présentent en sachant pertinemment qu’ils ne siègeront pas. Il ya là à la fois un mépris de l’électeur et de la fonction que l’on sollicite dont on ne comprend pas que les plus hauts responsables politiques ne mesurent pas les conséquences catastrophiques. Comment dans ce calamiteux enchaînement ne pas fabriquer du populisme et de l’anti-politique ?
Aujourd’hui, l’Europe devrait être le centre d’un débat essentiel notamment sur la régulation, les services publics ou la protection sociale. Jusqu’ici on sait seulement que les principaux groupes parlementaires se sont déjà mis d’accord, avant même l’élection du nouveau parlement, pour reconduire dans ses fonctions le président de la Commission qui incarne plus que tout autre la politique du tout libéral dont on a pu mesurer les dégâts récents. Et puis au niveau régional, comment fixer son choix sur un parti sans savoir avec qui il compte gouverner. Sous prétexte de ne pas anticiper le choix des électeurs, trop souvent les partis refusent de nous dire clairement avec qui ils veulent gouverner et donc s’ils seront ou non en mesure d’appliquer au moins partiellement leur programme. Il est vrai que ces réticences sont aujourd’hui mois fortes à Bruxelles qu’en Wallonie mais on reviendra sur cette question essentielle dans notre système politique.