C’est le scénario d’un très mauvais film mais c’est un scénario annoncé au titre prévu qui pourrait être « Et maintenant l’austérité ! ».
Acte 1 : les dernières années de la croissance ont été fortement inégalitaires, notamment avec une politique fiscale favorisant les plus favorisés, le capital et les entreprises.
Acte 2 : le capitalisme connaît une crise structurelle sans précédent qui s’inscrit au sein d’une myriade de crises qui mettent en cause l’avenir global de la planète.
Acte 3 : l’état vilipendé est appelé au secours, intervient en sauvant le système bancaire sans contrepartie très claires et, bien entendu, s’endette lui-même.
Acte 4 : les fauteurs de crise – il y a, en effet, des fauteurs de crise, comme on disait jadis des fauteurs de guerre- n’hésitent pas à présenter la facture de leurs propres méfaits : ce sera, nous prévient-on, le retour de l’austérité.
Acte 5 : On y est. C’est celui qui conditionne notre avenir. Qui va payer l’austérité ? Et que veut-on dire exactement par austérité ? De nouveaux impôts sont inévitables pour rétablir les finances publiques disent les experts en expertises tandis que les politiques aimeraient qu’on en reparle plutôt après les élections.
Et pourtant, c’est bien maintenant qu’il faut tenir le débat. Quels impôts ? Payés par qui, par ceux qui ont déjà bénéficié des cadeaux fiscaux du gouvernement ou par ceux qui payent déjà la crise par la perte de leur emploi. Moins de dépenses, donc moins de protection pour les plus faibles ? Ou une plus grande progressivité fiscale ? Et le principe d’impôts écologiques qui feraient des pollueurs, les payeurs au niveau individuel et collectif ? C’est un immense débat de société, un enjeu fondamentalement politique. Pas d’austérité, rejettent certains. Et pourtant nous savons que face à l’amoncellement des crises majeures (sociale et économique, énergétique et climatique) il faudra construire un autre modèle de développement forcément plus austère mais aussi plus égalitaire. Car la question est bien celle-là : l’austérité ce ne sont pas seulement des sacrifices imposés, c’est aussi une manière essentielle de choisir un modèle de société. L’austérité peut aussi permettre la prééminence des besoins collectifs et imposer la solidarité. Voilà le vrai débat électoral que nous sommes en droit d’attendre.