Une lueur dans le ciel gris de la politique italienne : le Parti Démocrate qui va devoir tenter de former un gouvernement a donc réussi, la semaine dernière, à faire élire ses candidats à la présidence des deux chambres et, notamment, au Sénat, avec l’appui d’une quinzaine d’élus du Mouvement 5 Stelle qui ont refusé d’obéir à Beppe Grillo qui prônait le vote blanc. Mais il ne faut pas s’y tromper : la présidente de la chambre, Laura Boldroni, ancienne porte-parole des Nations Unies pour les réfugiés, et celui du Sénat, Pietro Grasso, juge anti-mafia sont en marge ou extérieurs aux partis. Leur succès est dû au respect qu’ils inspirent dans la société. Et Pierluigi Bersani a eu l’intelligence de les proposer en lieu et place de personnalités politiques plus traditionnelles.
Mais il ne faut pas en tirer des conséquences quant à une éventuelle désintégration du Mouvement 5 Stelle qui n’est pas un parti comme les autres – et qui n’est d’ailleurs pas un parti mais un réseau transversal lié à des groupes de thématiques locales – et qui ne fonctionne pas dans l’échange de charges ou de rôle sur la scène politique. Le perspicace sociologue, Ilvo Diamanti, le rappelait dans les colonnes de La Repubblica. De même, ajoutait-il, il est peu probable – et on vient de le voir – que les nouveaux élus obéissent toujours à leur chef. Ils ont certes accepté le principe du mandat impératif qui impose le respect de la volonté des électeurs. Mais, voilà, étant donné l’incroyable diversité politique et socio-économique d’un électorat recruté tous azimuts, il est parfois bien difficile pour l’élu d’interpréter la réelle volonté de ses électeurs. Il y aura encore des votes de conscience, comme pour le juge anti-mafia au Sénat, qui prendront Beppe Grillo à contre-pieds.
Et c’est ici qu’intervient la belle métaphore de l’autobus, utilisée par Ilvo Diamanti pour tenter de cerner l’identité des 5 Stelle. C’est un autobus, dit le sociologue, où sont montés des passagers différents ayant des destinations différentes. Ils sont unis pour le début du parcours. Mais finalement Grillo n’est que le chauffeur d’un moyen de transport qu’il peut certes fracasser sur le vieux monde politique mais avec des passagers – électeurs et élus – qui ont chacun des objectifs spécifiques. Et pour le chauffeur la route peut rapidement se muer en impasse.