La décision est forte et symbolique. En refusant de cautionner la candidature de Rome aux JO de 2020, le président du conseil italien consolide son image de gestionnaire sérieux et implacable. Il indique en même temps qu’il ne sera pas l’homme des jeux – fussent-ils olympiques- contrairement à Berlusconi qui a aussitôt annoncé que lui aurait signé la demande de garantie financière de l’Etat. Mario Monti a expliqué qu’il ne prendrait pas un engagement pouvant obérer les finances italiennes pour des années et cela alors que beaucoup de sacrifices sont demandés aux Italiens. La droite comme le centre gauche soutenaient la candidature romaine mais la plupart des dirigeants politiques se sont rendus aux arguments du premier ministre qui monopolise cependant la stature du sage.
Monti embarrasse la gauche qui, depuis le début, malgré ses réticences, n’a pu faire autrement que le soutenir. Certes, seul le « Professore », comme on l’appelle ici, par ailleurs ancien conseiller de Goldman Sachs, pouvait débarrasser l’Italie de Silvio Berlusconi et rendre au pays une normalité qui semblait presque révolutionnaire. Mais ensuite l’économiste libéral a appliqué, comme partout en Europe, une sévère politique d’austérité qui veut en outre modifier le marché du travail dans le sens d’une plus grande flexibilité. Très intelligemment, Mario Monti multiplie simultanément les opérations spectaculaires contre l’évasion fiscale. Reste à voir si on ira vraiment au-delà des symboles.
Si les syndicats réagissent, le Parti Démocrate semble, lui, tétanisé. Le centre gauche italien, comme l’ensemble de la sociale démocratie européenne, paie vingt ans d’adhésion affirmée ou implicite au social libéralisme, voir au libéralisme pur et simple. Cette soumission idéologique de longue date rend aujourd’hui la gauche impuissante, sans projet ni alternative quand elle n’est pas tout simplement privée d’identité. Face à une droite qui, en dépit de ses échecs, applique avec zèle l’aberrante politique d’austérité, le centre gauche n’est plus qu’un bouclier percé. Sa crédibilité est en chute libre et même le rejet de la droite qui interviendra lorsque l’austérité aura produit tous ses effets, ne suffira à lui rendre une identité. Il faudra du temps, beaucoup de temps pour reconstruire un projet progressiste capable de relever une société marquée au fer rouge des inégalités triomphantes. Et, cela ne concerne pas que l’Italie…