Dans l’affaire Dexia on aura tout vu et tout entendu. Même les derniers dirigeants de l’entreprise accuser leurs prédécesseurs de leur avoir laissé en héritage non pas un banque mais un « hudge fund », un fonds spéculatif ! Accusation sans précédent mais pourquoi donc Messieurs Mariani et Dehaene n’ont-ils pas alerté les pouvoirs publics et à quoi servait le conseil d’administration ? Et surtout pourquoi en 2008 quand l’Etat est intervenu une première fois pour sauver les banques n’a-t-il pas exigé immédiatement la séparation des activités de banque de dépôt et de banque d’affaires ? Cela aurait dû être la condition indispensable de l’aide publique : elle aurait permis d’éviter la nouvelle catastrophe. Et, c’était la recommandation des économistes les plus lucides.
On a beau dire : pour des raisons diverses, les responsables politiques comme les dirigeants bancaires n’ont pas su pour les premiers et pas voulu pour les seconds décrocher de la logique financière qui avait abouti à la première crise en 2008. Et les pratiques spéculatives n’ont jamais vraiment cessé tandis que les dirigeants continuaient à s’octroyer primes et bonus inversement proportionnels aux résultats de leur gestion catastrophique. Il y a une sorte d’impunité pour ce que l’on doit nommer aujourd’hui la criminalité bancaire. Au bout – provisoire- du processus, l’Etat belge paye 4 milliards d’euros pour, en quelque sorte, récupérer le Crédit Communal – ce qui était évidemment incontournable- mais on ne sait pas encore ce que coutera l’ensemble de l’opération puisque les pouvoirs publics garantissent aussi la fameuse bad bank. Cela générera certes des primes mais aussi des risques majeurs que l’on ne peut jamais exclure.
Au vu de ces dépenses qui seront –infine- à charge des contribuables, un conseiller très médiatique d’une banque d’affaire estimait cette semaine qu’il sera désormais plus difficile de vendre l’austérité aux Belges. Bien vu ! De crise en crise, les citoyens paient les frasques de banquiers qui ont manqué leur vocation de croupiers de casino. Et maintenant, ce serait donc en plus l’heure de l’austérité. On verra, à ce propos, ce qui sortira de l’accord gouvernemental. Mais tout indique que personne ne met réellement en cause le dogme de l’austérité. Etonnante obstination quand on en observe les résultats sur les économies qui la subisse. Et pourtant, c’est bien toujours la panacée préconisée par la quasi-totalité de nos acteurs gouvernementaux. L’austérité aujourd’hui c’est sans doute pire qu’un crime social, c’est une faute économique majeure.