De la primaire socialiste, il y aura encore bien des enseignements à tirer. Avant le vote final de ce dimanche, le dernier débat télévisé de ce soir aura été d’une certaine manière le couronnement d’un exercice qui aura montré à la fois sa force et ses limites. Confrontation incontestable – dans le périmètre idéologique et politique du PS- mais avec la nécessité de ne pas aller au bout des quelques contradictions entre les « impétrants », comme les appelle le tenant de la démondialisation. Mais en même temps, un vrai clivage dans les nuances qui ne sont pas négligeables et que l’on a retrouvé dans les conclusions. Quelques mots ont délivré ces nuances : « Je suis la candidate d’un changement profond » a conclu Martine Aubry. « Rassembler, rassurer, réconcilier » a affirmé François Hollande. En quelque sorte, 1981 contre 1988. Pour des raisons évidentes – celle du challenger-, la première devait être plus agressive, elle l’a été sans doute par nécessité et par nature. Pas toujours à bon escient. Le second devait confirmer son statut de leader. Parfois trop dans l’esquive. Chacun a joué sa partition sans insulter l’avenir…et donc l’indispensable unité prochaine. De ce point de vue, contrat heureusement rempli.
Cela dit, le bilan de la primaire est fortement positif. De la mobilisation des électeurs (on verra si elle se confirme dimanche mais tout penche en ce sens) à la qualité des débats suivis par un nombre impressionnant de téléspectateurs, la politique sort gagnante de ce processus que j’avais personnellement contesté à plusieurs reprises dans ce Bloc-notes. Mea culpa donc, même si sur le fond, et à plus long terme, je persiste à penser, comme notre ami Philippe Marlière [[Voir sa contribution dans « Le Monde » du 7 octobre 2011]] que cette primaire met en péril « la démocratie partisane » , qu’elle peut avoir un effet très éphémère en terme de mobilisation et porte infine à l’abandon de la politique « sur le territoire », comme cela été le cas en Italie. Les comparaisons avec les Etats-Unis étant assez vaines au vu la structuration fondamentalement différente de la vie politique.
Ce soir, on peut insister sur un effet secondaire mais essentiel des débats organisés autour de ces primaires. La politique a, d’une certaine manière, retrouvé ses droits à la télévision. Des femmes et des hommes politiques ont pu tenir un discours (que l’on partage ou non), développer des idées dans les médias sans être interrompus toutes les quarante secondes par l’injonction d‘animateur en mal de spectacle et de sensation forte. Tous les effets superficiels de la mise en scène télévisuelle ont été effacés, et les artifices exclus. On a retrouvé le temps de la parole, même à la télévision…Et cela semble agréer le téléspectateur. C’était frappant ce soir sur France 2 : les deux candidats pouvaient aller au bout d’une idée et les journalistes semblaient redevenir modestes. Miracle de la primaire….