Cela pourrait s’appeler « les économies malades de l’austérité » comme il y avait les « Animaux malades de la peste » mais il faudrait alors adapter le texte de ce bon Jean de La Fontaine qui nous disait « qu’ils ne mouraient pas tous, mais que tous étaient frappés ». Le problème avec la maladie de l’austérité est que tous en sont frappés mais que tous risquent d’en mourir. On vit sans doute aujourd’hui un épisode sans précédent d’aveuglement collectif. Pour faire face à l’endettement et la crise, les gouvernements adoptent les uns après les autres des plans d’austérité de plus en plus radicaux. Et chez nous, de ce point de vue, la note du formateur ne détonne pas dans le genre. Nos gouvernants européens semblent succomber au mythe des troupeaux de lemmings lancés dans leur course au suicide collectif. Car l’austérité est bien un suicide.
Même les économistes les plus libéraux lancent un cri d’alarme à propos de cette spirale infernale. L’austérité peut éventuellement avoir un sens dans un seul pays mais collective elle entraine inévitablement le ralentissement voir la fin de la croissance, donc de la consommation et des rentrées fiscales. Lorsque tous les pays de la zone euro organisent conjointement la rigueur, la diminution des importations des uns entraîne celle des exportations des autres avec comme conséquence de dégrader encore un peu plus la situation budgétaire des états. Même l’extrême libérale Christine Lagarde, la patronne du FMI, recommande d’adapter la rigueur à la situation et d’envisager des mesures de soutien à la croissance.
Mais rien n’y fait : aveugles et sourds, sous la houlette de la Commission, les gouvernements européens poursuivent dans la voie qui a déjà mis en faillite d’autres continents. Avec comme obsession unique de « rassurer les marchés », comme ils disent, et de contenter les agences de notation. Cela fait, trois ans, depuis 2008, que les états courent derrière ces fameux marchés dont le seul souci est le profit maximal et immédiat et dont tous les observateurs soulignent le comportement à la fois prédateur et irrationnel. Mesure-t-on qu’avec la succession des plans d’austérité dictés par l’Union Européenne et le FMI, le PIB de la Grèce a diminué de 13 % depuis 2009. Cette politique d’austérité est non seulement une politique de mort qui provoque des ravages sociaux mais elle est aussi tout simplement une aberration économique.