Les résultats du 1er tour des élections régionales et départementales auraient pu être le produit d’un vote censitaire. Le record historique des abstentions (66, 70 %) concerne au premier chef les jeunes électeurs et ceux qui sont issus des milieux populaires. La participation s’est fortement réduite aux aînés, aux classes moyennes urbaines et diplômées. D’où un vote conservateur qui permet à la vieille droite de retrouver des couleurs d’une part et d’autre part, un choix de « modération » qui profite aux Verts ainsi qu’aux restes du PS. Le tout dans un scrutin fortement « notabilisé ». On a évoqué les différentes causes de l’abstention (confusion des scrutins, faible identité de régions, institutions peu lisibles, date des élections, crise sanitaire, carences logistiques) que l’on résume généralement par l’accentuation de la crise de la représentation politique. Lassitude, indifférence, rejet, colère passive : la panoplie des sentiments populaires exacerbés par les péripéties de quatre ans de macronisme n’explique pas tout, mais contribue à éclairer les résultats du 20 juin. Et qu’il soit revendiqué ou simplement factuel, un tel niveau d’abstention ne peut pas ne pas être compris comme un geste de protestation, comme le cri silencieux de ceux qui pensent que, de toute façon, leur voix ne compte pas.
Il n’est cependant pas possible de tirer des conclusions pour le scrutin de 2022. Et pourtant, la plupart des acteurs en présence avaient tout fait pour transformer ces élections locales en une préface présidentielle. Macron, à force de petites manœuvres, pour éliminer des concurrents, Le Pen les considérait explicitement comme un tremplin, les socialistes et les Verts pour tenter d’imposer leur leadership à gauche, sans oublier le trio (ex) LR Bertrand-Pécresse-Wauquiez dont chacun(e) souhaitait d’abord forger sa propre candidature. Aujourd’hui — et on affinera après le second tour de ce dimanche —, un duo-duel Macron/Le Pen n’est plus aussi évident. D’autres candidats (dont Xavier Bertrand) peuvent prétendre s’immiscer dans la bataille. Par ailleurs, le Rassemblement National n’a pas enclenché la dynamique qu’il escomptait et LREM (La République En Marche) a fait la preuve, s’il le fallait encore, qu’elle est inexistante comme parti. Les présidents de région socialistes pourront sans doute se maintenir, mais au nom de la prime aux sortants.
Pour la gauche, c’est encore et toujours l’année zéro. L’unité (PS-Verts-France Insoumise) difficilement construite dans les Hauts-de-France n’a obtenu que 18,99 %. La France Insoumise s’est peu mobilisée pour un scrutin qui ne lui est pas favorable. Aucun véritable projet commun ne semble pouvoir se dessiner. Et aucune personnalité ne semble capable d’incarner une destinée présidentielle susceptible de rendre l’espoir et de mobiliser l’électorat populaire. Mélenchon en a certes l’expérience et il pourrait en avoir la carrure, s’il avait la faculté de rassembler sans imposer à ses éventuels alliés la soumission aux Insoumis. Si ce dernier scrutin régional a sans doute brouillé les cartes à droite et à l’extrême droite, pour la gauche il n’offre pas de véritable perspective. Et ce n’est pas l’approche d’une campagne présidentielle qui permettra de s’atteler au lent et indispensable travail d’une véritable refondation.
A quand des élections à un seul tour en France, comme dans bcp d’autre pays d’Europe, sachant par ailleurs que les français détestent aller voter surtout quand il fait beau comme dimanche passé.
Je pens cela dit, que si il y avait 2 tours en Belgique, je n’irais voter qu’au second tour, moi aussi.