Depuis le début de la crise sanitaire, ce sera le premier test électoral qui précisera les nouveaux rapports de force politique[1] et pourra exercer une influence sur le sort du gouvernement Conte et de sa majorité PD-5 Stelle. Les 20 et 21 septembre aura lieu un double scrutin régional partiel et référendaire. En janvier, peu avant la pandémie, le centre gauche avait remporté la victoire en Émilie Romagne au détriment de la Lega de Salvini nettement battue. On en était resté là. Depuis, les polémiques n’ont pas manqué sur la gestion de la crise sanitaire qui a connu, comme partout, des soubresauts et des hésitations. Mais l’image globale du gouvernement est restée positive. Et si aujourd’hui le taux de popularité du Premier ministre est en baisse, il est encore de 60 % (il avait atteint jusqu’à 73 % d’opinion favorable). Le scrutin à venir n’en est pas moins incertain. Les régionales d’abord : 7 régions sont concernées. Deux d’entre elles, la Ligurie et la Vénétie devraient rester aux mains de la droite et l’extrême droite (Forza Italia et La Lega). Quatre autres — la Campanie, les Marches, les Pouilles et la Toscane[2] — sont détenues par le centre gauche qui n’est pas assuré de se maintenir au pouvoir. La Toscane qui fut historiquement un bastion rouge sera particulièrement observée. Le PD a désigné un candidat proche de Mateo Renzi, ce qui risque de lui aliéner de nombreuses voix de gauche. Pour triompher, le centre gauche comptait sur une alliance avec les 5 Stelle, son partenaire gouvernemental. D’autant que son leader Luigi Di Maio avait profité des torpeurs de l’été pour faire adopter un tournant essentiel à son mouvement. Un vote discret sur la plateforme Rousseau autorise désormais le parti de l’anti-politique à conclure des alliances avec les partis traditionnels. Malgré la forte pression du PD, cela n’a pourtant pas permis des accords en bonne et due forme notamment dans les Pouilles et les Marches où ils étaient sans doute indispensables pour battre la droite. Réticences locales ou désaveu plus large au sein des amis de Beppe Grillo ? L’avenir le dira. Mais pour Luigi Di Maio, on sait que l’alliance avec le PD, après celle conclue avec la Lega, est d’abord une question de survie politique. Et que son partenaire est toujours à la merci d’un revirement opportuniste. La position du PD de Nicola Zingaretti est donc particulièrement inconfortable.
Elle l’est d’autant plus avec le referendum sur la réduction du nombre de parlementaires (400 députés contre 615 et 200 sénateurs contre 300 actuellement) véritable cheval de bataille des 5 Stelle et qui se déroulera en même temps que le scrutin régional. Au parlement, lors des quatre tours de scrutin consacrés à la question, le PD avait voté trois fois contre la proposition s’y ralliant finalement lors de l’ultime consultation essentiellement en raison de l’alliance gouvernementale conclue alors avec les populistes. Le parti de centre gauche avait cependant conditionné son adhésion à la proposition soumise désormais à referendum à une réforme conjointe du système électoral instaurant la proportionnelle et à des garanties quant aux conditions de désignation du président de la République. Pour l’instant aucune de ces conditions n’est remplie et le PD se retrouve divisé entre partisans du « oui » et du « non » à la réforme constitutionnelle qui entend réduire la représentation parlementaire. Les débats se poursuivent, mais ils sont catastrophiques pour un Parti Démocrate qui apparaît à la remorque de ses alliés et incapable de développer une véritable stratégie politique autonome. L’alliance avec les 5 Stelle est certes la seule manière d’écarter la droite et de préserver le gouvernement, mais faute d’une clarification politique elle ne semble obéir qu’à de simples objectifs tactiques…
[1] Le dernier sondage en date indiquait que la Lega demeurait bien le premier parti italien avec 24,5 % des intentions de vote.
[2] La septième, le Val d’Aoste est gouverné par un parti régional.