Avant d’être conceptualisée par Freud en psychanalyse, la catharsis appartenait au champ de la philosophie et, dans ce premier usage, elle signifiait purification. La catharsis est l’épuration des passions par le moyen de la représentation dramaturgique. Et il faut noter que le mot figure dans l’œuvre d’Aristote connue sous le nom de « La Politique »… En quelque sorte, l’affaire Cahuzac aura opéré comme une catharsis sur la société française, une société en crise qui aura rarement autant douté d’elle-même.
La Catharsis ou Les remords d’Oreste (Bouguereau)
La purification, aidée par quelques pugnaces enquêtes journalistiques et une justice qui n’a jamais pu s’exercer avec autant d’indépendance, la purification, donc, fait son œuvre. Du député dévoyé au trésorier de campagne empêtré dans des investissements troubles en passant par le Grand Rabbin faussaire : les passions obscures et les parts d’ombre inavouables se sont étalées en un spectacle dont la dramaturgie exploitait tous les genres. Car on est vite passé du drame au vaudeville avec l’étalement du patrimoine des ministres de la République. Et naturellement ce qui devait servir à écarter les soupçons quant à l‘intégrité de la classe politique, s’est immédiatement mué en un exercice de voyeurisme. Et les médias qui s’étaient pourtant juré de n’en rien faire, ont transformé l’information en hitparade des bonnes et des mauvaises fortunes. Avec le flot de commentaires de comptoir que peut susciter cet étalage.
Transparence et commentaires de comptoir
Ce choix-là est une autre occasion manquée par le Président Hollande qui aurait pu sortir par le haut de ce séisme politique dont les ondes de choc vont longtemps encore parasiter la suite de son quinquennat. Car face à la fraude fiscale initiale de son ministre du budget, François Hollande aurait pu attaquer le fond de la question et enfin promouvoir la fameuse réforme fiscale qui était au cœur de son programme électoral. Cette réforme fiscale qui doit rendre l’impôt plus juste et plus égalitaire est peut-être la seule véritable arme dont dispose le politique face à la toute-puissance de la finance. Répondre à la fraude et au mensonge individuel par une mesure d’égalité collective aurait pu marquer sa présidence d’une pierre blanche. Il n’y aura plus beaucoup d’autres occasions. François Hollande a préféré le moralisme de la transparence au geste politique fort. Oubliant de surcroît que la transparence éblouit et aveugle mais qu’elle n’éclaire jamais.