Le chroniqueur qui revient à son exercice hebdomadaire après le silence de l’été se gratte la tête, entre angoisse et interrogation. Il a suivi comme tout un chacun les informations prudemment distillées sur les négociations pré-gouvernementales. Et comme tout le monde, il n’ y voit pas clair. Il salue certes l’obstination sereine du préformateur mais ne sait trop que penser des possibilités réelles d’accord ni du prix qu’elles supposent. Ce qui est clair, par contre, c’est que les lignes ont sérieusement bougé en moins de trois mois. Quel que soit le sort des négociations actuelles, celles qui suivront inévitablement dans un esprit de compromis ou de rupture, partiront sur la base des acquis engrangés. Et qu’ils plaisent on non, ceux-ci forceront la route vers une régionalisation profondément accentuée sous une forme ou une autre.
On mesure encore moins – et on évoque beaucoup moins- l’abime qui sépare les partenaires éventuels en matière socio-économique. Il suffit d’avoir écouté cette semaine le point de vue des partenaires sociaux pour s’en rendre compte. Car à la question fondamentale pour les citoyens : qui va payer le déficit budgétaire issu de la crise, les réponses sont proprement inconciliables. Les propositions de la FEB prennent des accents tactchériens : suppression de dizaines de milliers d’emplois publics, réduction des salaires et des pensions des fonctionnaires et mise en cause des prestations sociales. Une austérité de fer qui se traduirait par un bain de sang social mais qui s’inscrit, il est vrai, dans la logique européenne. Et le patronat flamand qui dicte le programme socio-économique de la NVA n’en pense pas moins, s’il ‘en veut pas plus.
Les syndicats font remarquer que non seulement les travailleurs et les allocataires sociaux ne sont pas les responsables de la crise mais qu’ils la payent déjà par le chômage, les menaces sur les services publics et leurs impôts qui ont servi à renflouer les banques. Des banques qui , elles, annoncent quotidiennement de nouveaux bénéfices records. En fait, résumé un peu vertement, le mécanisme mis en œuvre par nos états revient finalement à faire passer directement les impôts des citoyens dans la poche des actionnaires bénéficiaires du système bancaire. Cela vaut bien un débat aussi serré que le sort de BHV…