Les commentaires sont unanimes, la droite-elle-même l’admet déjà à demi-mots, pour Nicolas Sarkozy la question est désormais de savoir comment gérer l’échec annoncé. Certes, il faut se méfier de ce concert univoque basé sur des sondages souvent contredits, surtout dans un scrutin où l’abstention s’annonce massive. Mais à trois jours de ce premier tour des élections régionales, les jeux semblent faits, du moins pour l’essentiel. En tous cas, la droite ne récupérera pas la dizaine de régions qu’elle visait il y a quelques mois à peine. Tout juste peut-elle, sans trop y croire, espérer empêcher la gauche avec un PS en plein sursaut de réaliser le grand chlem. C’est-à-dire d’obtenir la victoire dans les 22 régions françaises, elle qui en contrôle déjà 20.
Contrairement à ce qu’il avait annoncé, ces derniers jours Nicolas Sarkozy s’est jeté dans la campagne dans un mélange des genres dénoncé par ses adversaires. Sans doute espère-t-il limiter les dégâts d’une défaite qui apparaîtra de toute manière comme un désaveu personnel. D’autant que les pronostics électoraux confirment un mécontentement social qui se traduit quotidiennement et une chute de popularité sans précédent. Certes, les élections régionales sont à la fois un scrutin intermédiaire qui favorise le vote sanction et une consultation mal identifiée par les électeurs. Mais la contestation du pouvoir sarkozien dont l’activisme masque mal l’incohérence notamment face à la crise est une tendance lourde.
Par ailleurs, la victoire de la gauche n’évacuera pas pour autant les questionnements sur son propre avenir. Car s’il est particulièrement fort sur le plan local où il enregistre tous les succès depuis 2002, le PS demeure fragile sur le plan national où il subit toutes les défaites depuis la même époque. Une bonne gestion de région n’équivaut pas à un projet politique. Les divisions et les appétits personnels mis entre parenthèses n’ont pas disparu pour autant. Restent d’autres questions importantes : les écologistes pourront-ils confirmer leur bon score des européennes et constituer une alternative à gauche ? Le MODEM de François Bayrou sera-t-il rayé de la carte politique ? La gauche radicale va-t-elle s’ancrer dans le corps électoral et dans quelle configuration ? Et puis le fameux débat sur l’identité nationale lancé par Eric Besson sur ordre de Sarkozy, aura-t-il permis la résurgence du Front National. Vous voyez que pour des élections souvent jugées secondaires, les enjeux ne sont pas minces.