On se croirait dans « Romanzo Criminale », le roman de Giancarlo De Cataldo, porté à l’écran par Michele Placido. La dernière vague de scandales en rassemble tous les ingrédients : fraude fiscale gigantesque, recyclage des fonds de la criminalité organisée où l’on retrouve pêle-mêle maffieux, vieilles connaissances du fascisme subversif, affairistes et hommes politiques corrompus. Et comme toujours dans ces cas-là, la réalité risque de dépasser la fiction.
« Vous faites du recyclage ? »
« Vous ne voudriez pas que l’on corrompe avec de l’argent propre ? »
Dessin de Staino dans l’Unita de ce 25 janvier 2008
Les affaires qui ont éclaté à Rome cette semaine sont énormes. Les magistrats ont inculpé 56 personnes. Deux sociétés de Teléphonie, la Fastweb et une filiale de Telecom Italie sont soupçonnées d’une fraude fiscale colossale de 400 millions d’euros et de recyclage d’argent sale pour plus de 2 milliards d’euros. Le tout avec ramification internationale et le concours de la ‘ndrangheta, la maffia calabraise qui aurait récupéré une partie de ces fonds. Une maffia qui, par ailleurs, aurait utilisé cet argent pour organiser l’élection de Nicola di Girolamo, comme sénateur du parti de la liberté de Silvio Berlusconi. Di Girolamo a été élu en 2008 comme sénateur représentant les Italiens de l’étranger. Les clans maffieux auraient truqué les bulletins de vote en Allemagne assurant l’élection du sénateur qui, lui, se serait notamment occupé des placements de la criminalité organisée au niveau international. A noter que ledit sénateur avait déjà failli perdre son siège en raison d’une fausse résidence qu’il avait établie à Bruxelles. Nicola Di Girolamo nie en bloc ces accusations et affirme n’avoir jamais eu de contact avec la maffia calabraise. Pas de chance, ce matin à la Une des quotidiens italiens s’étalent les photos du sénateur en conversation amicale avec un des « boss » les plus connus de la ‘ndrangheta.
Ces affaires ne font que commencer mais surtout elles s’inscrivent dans un contexte de corruption généralisée. La semaine dernière, c’était les révélations sur les fraudes en matière de travaux publics, notamment à L’Aquila, la ville des Abruzzes détruite l’année dernière par un tremblement de terre. Et les controverses sur le rôle de la Protection civile, devenue un état dans l’état, et pouvant intervenir dans toutes sortes d’événements sans le moindre contrôle ou procédure. Un statut défendu par Silvio Berlusconi au nom de la politique « del fare », la politique des actes opposée à celle des paroles. Le contexte idéologique de ces scandales n’est pas moins important que les affaires elles-mêmes.