La campagne est pire que morne : elle est désormais glauque. Invectives, insultes, coups bas en tous genres : tout se passe comme si les principaux responsables du PS et du MR, en particulier, avaient décidé d’alimenter eux-mêmes l’antipolitique qui avait pourtant déjà largement de quoi se gaver. Chacun se renvoyant évidemment la responsabilité de ces dérapages et affirmant que c’est l’autre qui ne veut pas aborder les questions de fond.
Laurette Onkelinx et Didier Reynders sont des habitués des petites phrases assassines. Quant à Philippe Moureaux, l’autre protagoniste de la surenchère verbale, on peul lui appliquer depuis toujours la citation de François Mitterrand à propos de Georges Marchais : « l’outrance est sa manière de dire bonjour ! ».
Tout cela serait risible ou grotesque si nous n’étions pas précisément dans un moment de crises où nous avons plus que jamais besoin de politique. C’est à dire, non seulement de propositions de solutions à court terme aux problèmes d’emploi, d’énergie ou d’environnement mais de choix politiques et idéologiques fondamentaux qui conditionnent le sort des prochaines décennies. Dans sa menace de quitter le gouvernement – restée jusqu’ici sans suite malgré la confirmation par Reynders de « l’infréquantabilité du PS », la vice première ministre en appelait lundi aux organisations sociales au nom de la défense des droits des travailleurs. On aimerait que la proposition politique du PS dépasse l’éternel argument du « bouclier » (« sans nous ce serait pire …») pour nous indiquer, par exemple, que la « clarification » demandée signifie aussi que les socialistes choisiront dorénavant systématiquement (lorsque le choix des urnes le permet évidemment) la solution de majorités progressistes au détriment des alliances avec les libéraux. Mais en est-on vraiment là ?
On aimerait aussi entendre à ce propos les muets du sérail. Le CDH reste discret dans des formules congénitalement centristes et Ecolo se tait dans toutes les langues, n’évoquant aucun sujet qui fâche (en termes d’alliances possibles) pour ne pas risquer d’affaiblir le débit du flot électoral promis par les sondages.
Vous vous souvenez de Nanni Moretti devant sa télévision dans « Aprile », suppliant Massimo D’Alema, leader des démocrates de gauche (ex-PCI) : « Massimo, dis quelque chose de gauche, dis quelque chose de gauche, Massimo dis quelque chose… ». Chers Camarades, Chers candidats de gauche : dites-nous quelque chose…qui nous donne l’envie et le besoin de voter pour vous. Que nous n’en soyons pas, encore une fois, réduits au simple « devoir » (que nous remplirons évidemment une fois encore !)