Tout a été dit ou presque sur le congrès de Reims des socialistes français : discours inaudibles pour les profanes, autisme politique aux yeux des spécialistes. Certes, il ne faut jamais oublier que l’histoire du mouvement socialiste est parsemée de déchirements et de rivalités meurtrières mais le plus souvent ces affrontements fratricides permettaient malgré tout au vainqueur d’imposer un projet politique qui avait au moins sa cohérence et qui parlait à l’avenir. Ce ne sera pas vraiment le cas aujourd’hui puisque l’on sait déjà que le nouveau secrétaire général -que les militants désignent en ce moment- ne disposera pas d’une véritable majorité basé sur un accord politique mais qu’il devra composer avec les différentes tendances dans de délicats équilibres de pouvoir. Le message risque bien de ne pas être plus lisible et la crise interne de s’approfondir jusqu’à la paralysie, voir l’implosion du parti.
Dans cette cacophonie, Ségolène Royal entend incarner le changement et même la rupture, disait-elle, encore il y a quarante huit heures. Certes, Benoit Hamon représente une aile gauche classique dans l’histoire du PS et Martine Aubry un projet social démocrate assez traditionnel même s’il s’appuie sur un équipage composite non sans contradictions. Mais avec Ségolène Royal on entre, il est vrai, dans un autre monde, dans une sphère où l’émotion et la séduction l’emportent sur les fondements raisonnés de la politique.µ
Depuis sa campagne présidentielle on savait que la Présidente de la région Poitou Charente, savait surfer sur l’air du temps, s’inspirant davantage des sondages, des désirs et des envies que des analyses et des réflexions classiques. Reine dans l’exercice de compassion, Royal psychologise la politique au-delà de tout ce que la sphère médiatique a produit ces dernières décennies. Elle affirmait hier encore qu’elle entretenait un rapport particulier avec le peuple. « Cela fait ma force et intrigue certains », disait-elle. Une sorte de populisme teinté de mysticisme affleure et alors on a l’impression de se retrouver plutôt du côté de Bettancourt que de celui de Mitterrand. La crise et le désenchantement nourrissent ses comportements mais on attend peut être autre chose de la politique…