Un candidat à la présidence pourra méditer la paraphrase de l’Évangile de Matthieu[1]. Car en quelques heures, ce mardi 30 novembre, Zemmour a découvert l’effet boomerang du mauvais usage des médias, lui qui jusqu’ici existait essentiellement par eux. D’abord un clip sorti du tombeau où le candidat fascisant exalte la France du passé tout en s’annexant — sans leur consentement — moult œuvres, créateurs et auteurs. Les uns n’ont pu que se retourner dans leur cercueil, les autres s’apprêtent à lui faire des procès en plus de ceux qui concernent la violation des droits d’auteur. Même Barbara, elle qui chantait « Un homme/Une rose à la main/A ouvert le chemin/Vers un autre demain » s’est trouvée enrôlée de force dans la Milice zemmourienne. Ensuite, le même jour, un examen de passage tout aussi manqué sur TF1 où le candidat se lamente du traitement journalistique dont il serait la victime. Avis partagé par l’ancêtre inoxydable des multi cartes (de presse), Alain Duhamel qui vient ainsi au secours de l’auteur du « Suicide français »[2].
Évidemment, Z., l’invité permanent des chaînes d’info continue a l’habitude d’être entouré de comparses idéologiques et d’animateurs qui l’assurent de leur bienveillant soutien. Sur les médias « bolloréens », mais pas que… Et soit dit en passant qu’un journaliste de TF1 soit taxé d’impertinence et d’agressivité doit être noté dans les annales médiatiques. Cela n’arrivera plus de si tôt… sauf face aux candidat. e. s de gauche.
Quels que soient l’avenir et les avatars de cette candidature, elle continue de miner le champ politique, et, en cela, son titulaire peut en savourer les effets collatéraux. Le dernier en date est évidemment la victoire d’Éric Ciotti (25,59 %) qui arrive en tête des prétendants LR à la présidence. Même courte cette victoire en dit long sur l’état idéologique de cette famille politique qui a abdiqué toute autonomie de pensée et a décidé de trouver son salut dans l’alignement à l’extrême-droite. La course éperdue à la radicalisation en matière de sécurité et à propos de l’immigration ou de l’Islam était pathétiquement partagée au cours des débats qui, en la matière, rassemblaient plutôt qu’ils distinguaient les cinq candidats républicains. Les favoris ont été battus. Le vague souvenir d’un Xavier Bertrand, représentant jadis de la droite sociale a suffi pour le disqualifier même si ses tergiversations stratégiques (aller-retour chez LR) ont aussi pesé lourd dans sa défaite. Barnier avait beau renier tout ce qu’il avait adoré, les électeurs LR ont préféré « l’original à la copie » avec un Ciotti que rien ne sépare de Zemmour dont il a d’ailleurs reçu les félicitations chaleureuses. Pécresse a bénéficié du rejet des favoris… et de l’inlassable travail de recrutement de son directeur de campagne, le très à droite Patrick Stefanini (qui avait jadis occupé la même fonction chez Fillon). L’ancien préfet a, en effet, doublé le nombre d’adhérents-électeurs (de 15 000 à 30 000 en deux mois) dans la Fédération LR d’Ile de France, le fief de Pécresse. Charles Pasqua, en son temps, n’aurait pas fait mieux. Finalement, et comme prévu, ce samedi Valérie Pécresse a été désignée comme candidate LR. Elle totalise près de 61 % des voix alors qu’elle bénéficiait du soutien des 3 autres candidats évincés au 1er tour. Dans ces conditions les 39 % de Ciotti sont un résultat inespéré pour le candidat proche, à s’en confondre, de l’extrême droite. Et surtout ayant imposé les termes du débat, Ciotti peut considérer qu’il a gagné la bataille des idées au sein d’un parti extrêmement radicalisé.
Le moment de l’extrême-droite se prolonge donc dramatiquement dans cette campagne où la gauche et sa multitude de candidats sont inaudibles, invisibles, introuvables…
[1] « qui vit par l’épée périra par l’épée » ( Matthieu,26-52)
[2] Il faut lire à ce sujet l’article paru dans Le Monde du 2 décembre : « L’étrange bienveillance d’une partie des élites envers Zemmour ». Et parmi les « « bienveillants » : Michel Onfray , Marcel Gauchet et Jacques Julliard
Lire Marianne qui se livre aussi au blanchiment des idées de Zemmour
Mon sentiment est que EZ n’est qu’un épouvantail utilisé par Macron ( qui est maître dans l’art de la manipulation) pour fragiliser la droite et son extrême. la gauche fragilisée, fragmentée n’est pas vraiment un danger. Qu’a ton promis à EZ??
…. En attendant, les médias ouvrent grandes leurs fenêtres et leurs portes à EZ et aux images de meeting que ses communiquants veulent bien donner aux chaînes. Ce dimanche, CNews, LCI, BFM diffusaient in extenso le idées haineuses et manipulatrices d’EZ. Dans le même temps, JL Melenchon portait son fiel contre la chaîne publique France Info qui, en conscience, n’avait pas voulu laisser son antenne ouverte aux directeurs de campagne de tous poils. On confond tout, on mélange tout, on se trompe d’ennemi…. Alors oui, les médias privés sont opportunistes et iront là où la seconde de publicité leur rapportera le plus d’argent, quitte à renier ceux à qui ils ont servi la soupe durant des mois, mais en attendant les idées se diffusent, infusent, plus vite encore que le virus du Covid.
Et personne en face pour redresser la barre. C’est désespérant!