Ah, le père ! Ce père qu’il faut « tuer – un peu- pour l’aimer – beaucoup ». Avec ce père qui s’appelle Marcel Liebman (décédé en 1986), comment s’y prendre ? Comment faire avec ce père juif-propalestinien, intellectuel brillant et charismatique, cet enseignant captivant et charmeur, ce révolutionnaire épicurien, écrivain/orateur/chanteur, ce père qui prend toute la place ? Riton, son fils, comédien, a sans doute mis quelques décennies pour affronter la question. Mais quelle belle réponse avec cet accouchement-spectacle, « Liebman Renégat » écrit et interprété par Riton Liebman avec la complicité musicale de Philippe Orivel et la subtile mise en scène de David Murgia.
Avec humour et tendresse, intelligence et (auto)dérision, avec l’émotion qui laisse sa place à la raison, Riton a trouvé la « bonne distance ». Par le verbe et le geste, le fils – devenu père à son tour- fait revivre le père dans sa grandeur et ses contradictions et nous fait traverser le XXe siècle dans ses tragédies et ses utopies, ses espoirs fous et des désillusions cruelles. Mais toujours à travers le regard croisé qu’échangent avec un bonheur parfois douloureux le père et le fils. Et en n’oubliant pas qu’au bout du compte, il y a la transmission.
A Voir absolument au Théâtre de l’Ancre, à Charleroi du 24 février au 6 mars
http://www.ancre.be/show/2014-2015-Liebman_Ren%C3%A9gat
Et ensuite au Théâtre Varia, à Bruxelles du 12 au 21 mars
http://varia.be/
PS. Le mercredi 4 mars la représentation sera suivie de la projection de mon film « L’anticonformiste – Portrait de Marcel Liebman ».