Dimanche, au soir au premier tour des élections régionales, le verdict tombera. L’issue fatale est probable : après maintes tentatives avortées, le PS aura réussi son suicide politique. Peut-être pourrait-il conserver à l’issue du second tour (13 décembre) l’une ou l’autre des nouvelles grandes régions (essentiellement dans le Sud-Ouest et l’Ouest) – rien n’est acquis- tandis que la droite devrait réduire ses propres prétentions face à l’envolée du Front National à qui les sondages accordent trois régions (Nord-Pas-de -Calais- Picardie, PACA, Grand Est). A deux ans des élections présidentielles, des millions de Français s’apprêtent à voter pour le parti de Marine Le Pen.
Le désarroi est tel qu’en Provence Côte d’Azur, des figures traditionnellement classées à gauche appellent à voter dès le premier tour pour le candidat de la droite pourtant connu pour son compagnonnage idéologique avec le FN. Dès le début novembre, Manuel Valls s’est prononcé pour une fusion des listes de gauche et de droite pour empêcher la victoire du FN, là où la question se posait. Anticipation de la défaite, démobilisation de l’électorat socialiste, confusion idéologique : le premier ministre a été au bout de sa logique politique. Rejetée d’emblée par la droite sarkozienne, cette proposition indique l’impasse suicidaire dans laquelle est enfermé le PS. Face à un FN indiqué à un étiage de 35 à 40 % des intentions de vote dans trois régions, le PS sera face à un choix impossible. S’il arrive en troisième position (hypothèse la plus vraisemblable) et se maintient, il permettra la victoire du FN. S’il se désiste, il disparaitra de la carte politique. Dans les deux hypothèses, la démission politique.
L’irrésistible progression de l’extrême droite a naturellement des causes multiples – politiques, socio-économiques, sociologiques, culturelles et idéologiques- et les partis de gouvernement (mais aussi les autres) partagent les responsabilités de l’horizon néo conservateur de la République. Le PS occupe cependant une place à part dans cette évolution. Depuis qu’ils assument un social-libéralisme déclaré, François Hollande et le PS tentaient de retenir l’électorat de gauche par des positions progressistes sur les questions de société. L’épisode tragique des attentats du 13 novembre a balayé cette échappatoire. Dans un discours ultra sécuritaire, reprenant des propositions ignominieuses de l’extrême droite (notamment sur la déchéance de nationalité des binationaux « nés français »), et proposant d’inscrire l’état d’urgence dans la Constitution, Hollande s’inscrit dans une logique réactionnaire que confirme une stratégie géopolitique et militaire aussi incohérente qu’inefficace. La France déroge aux Droits de l’Homme. La France se réfugie dans l’identitaire pour ne pas se pencher sur l’état de sa société … Comment dès lors encore mobiliser un électorat de gauche d’autant plus désorienté qu’aucune alternative politique crédible ne lui est offerte.