Court voyage en sardinerie

Elle est connue par ses cafés  historiques  au premier rang desquels trônent le « Giubbe Rosse » (les vestes rouges-garibaldiennes), où dit-on Lénine joua aux échecs, Gide se promena. Les Futuristes en firent leur siège et le grand poète florentin Mario Luzi aimait y être. Hier soir, la Piazza della Repubblica était « sardine ». En rangs serrés et impressionnantes par le nombre, l’énergie et la diversité générationnelle (des très jeunes aux très vieux…), les sardines nous étonnent. Vues de près, les sardines sont bien un mouvement imprévu et imprévisible, un mouvement réjouissant qui échappe jusqu’ici aux analystes comme aux vieux routiers de la politique italienne qui dans leur défaite rance leur reprochent tout simplement d’exister et d’occuper la place de leur impuissance. Et quand les sardines chantent « Bella Ciao », elles connaissent le sens des paroles.

Mouvement éphémère ? Sans doute comme tous ceux qui évitent de se structurer. Mouvement apolitique ? Sûrement pas. A-partidaire certainement. Mais à partir d’un constat lucide sur l’inexistence d’une alternative politique crédible à gauche. Les « sardines » allient fraîcheur et naïveté ? Sans doute. Défense de la constitution italienne (la plus progressiste au monde, la seule fondée sur droit au travail), le refus de la haine et de l’exclusion, la défense de l’égalité et de l’écologie : cela ne fait pas un programme électoral, mais comment ne pas y voir dans l’Italie d’aujourd’hui un sursaut vivant qui occupe les places désertées par la gauche depuis des années. Sans doute quelque chose de l’ordre du « prépolitique » dont on est incapable de prévoir le destin. Côtoyer pendant quelques heures le peuple des sardines, échanger avec lui quelques paroles, donne l’étrange sentiment contradictoire de sa force et de sa faiblesse. L’équilibre est fragile.

(Firenze 01.12.19)

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4 réponses à Court voyage en sardinerie

  1. De SMET dit :

    Merci de ces paroles à propos d’une sardinerie qui m’intrigue

  2. Ferrari dit :

    Monsieur Le paige ferait bien de s’informer.
    1- Giubbe = Veste & pas « rideaux »
    2- Le leader des sardines est Mattia Santori, un proche de Valter Veltroni fondateur du PD.
    3- Le gouverneur sortant d’Emilie Romagne (Bonaccini a annoncé que Santori sera sur l’estrade à ses côtés à Bologne le 7 décembre pour le démarrage officiel de la campagne du PD..

    Vous avez dit « a-partidaire » ? 🙂

    1. Hugues LE PAIGE dit :

      Je vous remercie de votre invitation pressante à m’informer… En ce qui concerne les « giubbe rose », j’avais déjà corrigé cette grossière erreur qui me remplit de honte et pour laquelle je me bat la coulpe !Je crois savoir, en effet, que Mattia Santori est L’UN des leaders des sardines mais j’ignore s’il est proche de Walter Veltroni qui pourrait être son grand père. J’ignore aussi s’il sera aux côtés de Bonaccini le 7 décembre. Nous verrons. Mais, en tous cas, oui ce mouvement est fondamentalement a-partidaire et, de toute façon, ne se résume certainement pas à la personnalité de l’un de ses porte-paroles. Il suffit d’observer avec un peu d’attention la composition des places et de s’entretenir avec quelques « sardines de base » pour s’en rendre compte. Permettez-moi, à mon tour, de vous inviter à vous informer à ce sujet….

      1. Hugues LE PAIGE dit :

        Je précise que le 7 décembre Mattia Santori n’était pas aux côtés de Bonaccini…

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